« Je suis fatigué·e » est une expression valise qui peut cacher des causes et des manifestations très variées. En affinant, il est possible de distinguer deux états de lassitude bien distincts : la fatigue et le manque d’énergie. Or, si les deux provoquent un sentiment global de faiblesse, leur origine et les réponses à y apporter sont parfois contradictoires ! Parmi les solutions envisageables, une est aussi tabou et sous-estimée qu’efficace et accessible : le plaisir.
Distinguer la fatigue du manque d’énergie
Pour distinguer fatigue et manque d’énergie, on peut se poser la question suivante : suis-je fatigué·e parce que je fais trop de choses au quotidien ou parce que je ne fais pas assez de choses qui me nourrissent ? En effet, la fatigue est un état physiologique consécutif à un effort (physique ou intellectuel) qui se traduit par une difficulté à continuer l’effort. La fatigue découle donc d’un ‘trop’ et se résout avec le repos. Le manque d’énergie quant à lui peut être appréhendé comme un abattement physique ou mental qui se manifeste par un faible entrain et peu de dynamisme. Le manque d’énergie surgit en cas de ‘trop peu’ et de privation ; la solution est alors la pratique d’activités ressource.
Excès et privations allant souvent de pair, la fatigue et le manque d’énergie se mêlent au quotidien. Cependant, si les solutions à la fatigue sont globalement connues et les mêmes pour tous, le manque d’énergie est plus personnel et parfois révélateur d’une vie carencée en plaisir.
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Comprendre le lien entre manque de plaisir et manque d’énergie
Le plaisir est une émotion, un état de contentement physique et psychologique provoqué par la satisfaction d’un besoin ou d’un désir. Comme toute émotion, le plaisir a une utilité en termes de survie et donne du sens à la vie en motivant et récompensant les actions. Autrement dit, le plaisir est le moteur qui nous met en mouvement, nous donne le goût de l’expérience, de l’apprentissage, de la persévérance… et la boussole qui nous indique que ce qui est vécu est juste.
L’absence ou la rareté du plaisir au quotidien doit être interprétée comme est un signal d’alerte. En effet, vivre des expériences agréables est indispensable à une vie épanouie et est, en ce sens, un besoin en lui-même. La non-satisfaction de ce besoin a des conséquences physiques et mentales : lassitude, tension, perte de sens, impression de subir, déconnexion (de soi, de l’autre et des événements), sentiment de ne pas trouver sa place… Ainsi, le manque d’énergie peut indiquer un quotidien déséquilibré et des sources de satisfaction trop rares. Pourtant, le plaisir est absent du quotidien de nombreux soignants.
Une certaine légèreté demande plus d’efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l’ennui qui s’en dégage. Mais elle est liée aussi à une certaine grâce, au charme, au plaisir.
Jean D’Ormesson
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Réhabiliter le plaisir dans la vie des médecins
Les raisons à cette absence sont multiples. Tout d’abord, le plaisir fait l’objet de nombreuses injonctions sociétales, religieuses et personnelles : « le plaisir se mérite », « le travail d’abord, le plaisir ensuite », « la priorité, c’est le patient », « le plaisir est immoral/égoïste », « le plaisir affaiblit le mental », etc. Et il est vrai que certains plaisirs peuvent nous éloigner de nos objectifs – voire être nocifs – mais d’autres sont vitaux.
À ces croyances s’ajoute un quotidien médical aux enjeux forts, au rythme soutenu et où la légèreté a peu sa place. Enfin, pour remédier au manque de plaisir, il convient de poser des actions. Or, corriger cette carence semble coûteux et contre-intuitif car la lassitude appelle davantage au repos qu’au mouvement.
Voici quelques pistes à explorer pour questionner la place au plaisir dans sa vie :
- Le moteur : au quotidien, quel est mon moteur principal (le plaisir, le stress, le regard des autres, le devoir…) ?
- L’objectif : quand je me fais plaisir, est-ce impulsif/parce que je craque (puis regrette) ou est-ce en accord avec mes objectifs, régulièrement, à des moments choisis et dédiés à moi-même ou mes proches ?
- L’attention : quand je me fais plaisir, mon attention est-elle généralement portée sur l’activité ou suis-je dans mes pensées ?
À vous de jouer ! Y-a-t-il des domaines dans votre vie où vous vivez peu ou pas de plaisir ? Quel est votre moteur quotidien ?
J’accompagne les médecins afin de leur permettre d’apaiser la fatigue et canaliser les facteurs de stress, connecter à ce qui est important pour eux et (re)donner du sens à leur quotidien. Les séances de coaching, de conseil et de libération émotionnelle permettent ainsi à la personne accompagnée de se recentrer et d’apaiser ses relations.