Connaissez-vous la chanson La nuit je mens d’Alain Bashung ? Elle a donné lieu a de nombreuses interprétations quant au sens qu’elle pourrait cacher mais ce qui m’intéresse, c’est l’idée de masque, de rôle et de zones d’ombre dans la personnalité du protagoniste. En effet, nous portons tous des masques sociaux et jouons différents rôles dans la société : médecin, amant, parent, enfant, frère ou sœur, électeur, sportif, intellectuel, consommateur… Ces masques sont indispensables, mais savez-vous ce qu’il y a dessous ?
La nuit je mens,
Alain Bashung
Je prends des trains à travers la plaine,
La nuit je mens,
Je m’en lave les mains.
Les différentes instances du psychisme
Carl Gustav Jung a établi un schéma de la personnalité et de ses différentes structures – un peu à la manière des pelures d’un oignon – qui pourrait être résumée ainsi :
La persona : première instance de la personnalité, la persona comporte notre masque social, c’est-à-dire la partie de notre personnalité que nous choisissons de montrer au monde et qui s’est adaptée au milieu dans lequel nous vivons pour nous faire accepter et aimer des autres. C’est la partie parfaite, idéale, de ce que nous aspirons à être.
Le moi : seconde instance de la personnalité, il s’agit du ‘moi’ conscient qui capte et traite, entre autres, ce que nous voyons, entendons, sentons, touchons, ressentons, savons, etc.
L’ombre : cette troisième instance représente la partie de notre personnalité que nous avons refoulée ou peu exprimée par souci d’adaptation. C’est en quelque sorte le contraire de la persona. Contrairement à ce que son nom peut parfois laisser croire, l’ombre n’a aucune valeur morale. Elle se forme à partir des traits de caractère, émotions, comportements, aptitudes, etc. interdits et/ou non valorisés dans le milieu dans lequel nous vivons.
Le Soi : dernière instance de la personnalité, le Soi est le lieu de l’identité profonde et réelle. C’est l’essence de notre personne, son centre organisateur.
Notre personnalité se développe initialement dans un souci de survie physique et sociale : l’enfant cherche à se faire aimer pour être accepté et protégé. Cependant, une fois adulte, nous continuons à chercher l’approbation et l’affection des autres. La peur du jugement et du rejet nous pousse donc à entretenir notre persona, parfois au détriment des autres instances.
Il arrive également que nous refusions une partie de nous-même : pensée, émotion, réaction, pulsion… Nous essayons de les renier, nous en avons honte, nous-nous jugeons. Nous pouvons aussi penser qu’être adulte, c’est grandir et oublier les rêves d’enfant et que la vie, c’est du sérieux. Dans ce cas, nous nous réfugions dans notre persona, derrière nos masques sociaux.
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Je ne suis pas (que) ce que je pense être
Nous sommes très nombreux à nous résumer aux deux premières instances de la personnalité, la persona et le moi. En effet, il est tentant de penser que “je suis” mes émotions, mes besoins, mes valeurs, mes pensées, mes activités, mes passions, mon statut de parent ou encore mon métier. Je suis chirurgien, je suis en colère, je suis stressé, je suis marié, je n’y peux rien je suis comme ça… Pourtant, les quatre instances de notre personnalité existent et se manifestent régulièrement, de façon plus ou moins subtile. Par exemple :
- Nos objets de fascination, les personnes ou situations qui nous insupportent, nos angoisses… sont des manifestations de notre ombre.
- Nos rêves, les élans du cœur, les passions qui nous portent (ou nous poussent), ces moments où nous semblons connecté à notre moi enfant… sont des expressions de notre Soi.
Penser que je suis uniquement ma persona et mon ‘moi’ est limitant, cela m’enferme dans une case et génère du fatalisme : Si je suis comme ça, à quoi bon ? Qu’y-puis-je ? Il est alors essentiel de ne pas confondre ce que je suis avec comment je réagis au monde. En effet, j’ai des comportements, j’ai des émotions, des pensées, des valeurs, etc. et je réagis aux personnes et aux événements. Tout ceci fait partie de ce que je suis mais varie avec le temps et les aléas.
Mieux vaut être complet que parfait.
Carl Gustav Jung
Il est plus rassurant de se définir par ‘le faire’ et par nos habitudes que nous confronter à nos profondeurs. C’est tout à fait normal ! Et plus les autres nous enferment dans une case, par exemple celle du Docteur, du sachant, du guérisseur… plus il est difficile d’en sortir. Pourtant, en restant déconnecté de certaines instances de notre personnalité, nous demeurons incomplets.
Un signe puissant de déconnexion à soi réside dans l’intensité de nos émotions : peur, colère, tristesse, stress, dépression, sentiment de ne pas être à sa place, manifestations de joie ‘inadaptées’, jalousie ou envie… Notre propre personnalité nous échappe et nous-nous sentons mal. Que faire, alors ?
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Trouver l’équilibre
1- La première étape vers la pacification consiste à m’observer sans jugement et accepter : que je le veuille ou non, ce trait de personnalité ou cette émotion fait partie de moi. Cela n’a aucune valeur morale en soi et cela ne dit rien de moi ! Ce qui est important, c’est ce que je décide d’en faire. Par exemple, le fait de vivre de la colère ou de vouloir casser la figure à mon voisin n’est ni bien ni mal tant que je n’ai pas décidé de la façon dont je souhaite exprimer cette colère ou réguler ma pulsion violente.
2- La seconde étape consiste à chercher l’intention positive : qu’est-ce que ce trait de personnalité, qui me déplait a priori, peut m’apporter ? Par exemple :
- Si je m’autorisais à exprimer ma colère, je pourrais y gagner le respect de mes limites par les autres, la possibilité de me faire entendre, une plus grande estime de moi-même…
- Et démolir le voisin me permettrait de me sentir puissant, de me défouler, de résoudre un problème de tapage nocturne, etc.
3- La dernière étape réside dans l’identification de ma propre solution : comment pourrais-je exprimer l’intention positive de mon trait de personnalité d’une manière qui me convienne ? Car il ne s’agit évidemment pas de devenir colérique ou violent, mais bien de profiter des bénéfices identifiés d’une manière juste et adéquate.
À vous de jouer ! Quels sont vos masques sociaux ? Pensez-vous jouer différents personnages selon les contextes dans lesquels vous évoluez ? Que vous apportent ces masques ? Avez-vous identifié des manifestations de votre ombre ? Que peuvent-elles vous apporter ? Et votre moi enfant, vous parle-t-il encore ?
Ma démarche s’inscrit dans le présent et l’avenir et permet la mise en place de changements durables. À travers la définition d’objectifs et de solutions propres à chaque médecin accompagné, je vise l’autonomie et le mieux-être et travaille à :
- La compréhension de ses mécanismes personnels et de sa situation
- La connaissance, l’estime et la confiance en soi
- L’équilibre entre vie personnelle et professionnelle
- La définition d’habitudes et de modes de pensée sains
- Le plaisir et le sens au travail
- La juste régulation des émotions
- Et plein d’autres choses encore !