Dépasser ses peurs pendant les études de médecine

Vous aimeriez faire ou dire certaines choses mais n’osez pas, par peur du jugement de vos pairs, supérieurs et patients. Une petite voix vous répète régulièrement que vous n’êtes pas capable, que vous ne méritez pas d’être médecin ou encore que telle chose n’est pas faite pour vous. Vous enviez ou au contraire êtes énervé, bousculé, par certaines personnalités professionnelles hors-norme. Vous-vous demandez ce que vos patients pensent de vous. Votre statut de médecin vous dicte parfois des comportements qui ne sont pas ‘vous’. En somme, vous-vous oubliez par peur du jugement ou de l’échec. Pourtant, oser et dépasser ses peurs est possible : cela s’apprend !

L’impact du regard des autres pendant les études de médecine

Avant de commencer, j’aimerais que vous regardiez cette vidéo :

Who knows – Begginers

Que voyez-vous ? Un homme, un peu vieillissant, qui se donne en spectacle au milieu de la rue et dérange la circulation sur le trottoir ? Ou bien un sportif qui s’amuse, un artiste qui fait ce qui lui plaît en s’affranchissant du regard des autres ? Le tournez-vous en dérision, le blâmez-vous ou l’admirez-vous ? Peut-être vous agace-t-il ? Vos réponses à ces questions mettent à jour l’une de vos croyances, et cette croyance impacte votre capacité à oser.

Personnellement, le regarder évoluer sur ses patins me ravit et je suis fascinée par son aisance en public. Je suis bien incapable d’en faire autant et pourtant, cela me fait envie ! Qu’est-ce que cela révèle de moi, outre un sens de l’équilibre déplorable ? Que la peur du ridicule et le regard des autres influencent mon comportement, dans une certaine mesure.

Depuis l’enfance, nous subissons un conditionnement permanent pour plaire, se conformer, être respecté, intégrer une catégorie socio-professionnelle, etc. Quand nos besoins affectifs et nos insécurités s’ajoutent à cette pression sociale, les enjeux deviennent trop importants : nous refusons de nous exposer au risque outre mesure et osons peu sortir de notre zone de confort, par peur de déplaire, paraître incompétent ou ridicule. Dans le milieu médical et tout particulièrement pendant les études, la pression sur le résultat, l’envie de s’intégrer dans la corporation, la souffrance humaine et l’urgence exacerbent d’autant plus cette crainte que nous avons tous.

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Oser malgré la peur du jugement et de l’échec

Vouloir plaire à tout le monde, c’est renoncer à sa personnalité, ses idées, ses rêves, ses valeurs… pour se transformer en caméléon passe-partout, ou pire : en caricature du médecin, un personnage n’ayant finalement pas grand chose à voir avec soi-même. Les relations et les actions sont alors biaisées et déconnectées de soi. A la longue, ce n’est pas tenable ! Comme le disait si bien Philippe Darveau, à trop vouloir plaire on finit par se déplaire. Et en même temps, la réussite des études de médecine des externes comme des internes repose en partie sur l’appréciation des professeurs, des encadrants de stage, etc. Il est donc parfois mal avisé d’exprimer le fond de sa pensée ou de trop se démarquer.

Alors, que faire ? Comment trouver l’équilibre entre ce qu’il est bon de taire et ne pas faire, et quand il est bon d’oser ? Le premier pas pour oser consiste à comprendre les rouages de la peur et prendre conscience de votre mécanique interne :

  • La peur trouve ses racines dans la perte. Que craignez vous de perdre exactement ? (par exemple, si j’ai peur du ridicule, je peux craindre de perdre ma crédibilité) ;
  • La peur cache un désir. En effet, quand vous avez peur, vous craignez que l’un de vos désirs ne se réalise pas (par exemple, si je crains la mort, je désire vivre). En identifiant le désir derrière votre peur, vous pouvez choisir de vous concentrer sur l’envie plutôt que sur l’angoisse.
  • La peur se manifeste physiquement. Que se passe-t-il dans votre corps quand votre peur s’exprime ? Y-a-t-il des nœuds, des tensions, autre chose ? Où ? Avec quelle intensité ?

En comprenant vos émotions, leurs manifestations et leur origine, vous serez plus à même de lever vos freins… si vous estimez que le jeu en vaut la chandelle !

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S’écouter, mais pas trop !

La peur est une émotion vitale qui permet à l’espèce humaine de survivre. L’écouter est donc primordial ! Cependant, si votre petite voix interne est susceptible de vous sauver dans certaines situations, elle est plus souvent occupée à saper toute initiative en l’absence de réel risque. Les problèmes arrivent quand le danger provient de nos insécurités et non de l’extérieur. En effet, notre cerveau n’ayant pas évolué aussi vite que notre environnement, notre corps réagit de la même façon que nous soyons face à un patient violent, un jury de thèse attentif ou un tas de paperasse administrative. Pourtant, les enjeux ne sont pas les mêmes !

Face à cela, plusieurs stratégies sont envisageables :

1- Visualisez le pire, du pire, du vraiment pire qui puisse vous arriver. Allez-y franchement, dressez le scénario catastrophe le plus terrible qui vous vienne en tête, aussi improbable soit-il, et allez jusqu’au bout de la réflexion ! Une fois ce pire matérialisé, identifiez le seuil à partir duquel vous pensez ne plus être capable de vous relever. En réalisant cet exercice, vous constaterez que le risque de mort ou de dommage important est globalement assez bas et que ce qui vous arrive est généralement très éloigné de ce que vous aviez imaginé.

2- En cas de risque avéré, préparez un plan d’action pour sécuriser votre environnement avant d’agir. Qu’avez-vous à faire ou à apprendre pour éviter le pire ?

3- Soyez authentique. Pourquoi voulez vous faire cette chose que vous redoutez ? Qu’est-ce qui vous tient à cœur là-dedans ? Comment pouvez-vous agir en étant vraiment vous ? Et surtout, avec qui voulez-vous interagir ? (Par exemple, si j’ai peur de prendre la parole en public, je serais plus à l’aise si je parle à un public déjà intéressé, avec mes propres mots, et que mon intervention reflète ce que je pense).

4- Observez-vous, écoutez-vous, mais pas trop longtemps. Parfois, oser c’est aussi simple que dire “5… 4… 3… 2… 1…” et foncer.

Quand on arrête d’essayer de plaire, on touche.

Fanny Ardant

À vous de jouer ! Quelles sont vos peurs ? Pourquoi n’osez vous pas ? Quels désirs se cachent derrière vos angoisses ? Que voulez-vous mettre en place pour dépasser vos craintes ?

Le rôle d’Azuli Consulting

J’accompagne les étudiants en médecine et les médecins dans la compréhension de leurs schémas de pensée et l’analyse de leurs comportements afin de leur permettre de prendre du recul sur les situations génératrices d’insatisfaction, de stress ou de tension, apprendre à réguler leurs émotions, identifier leurs besoins, poser leurs limites et atteindre leurs objectifs.

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